description |
Les études taxinomiques et biostratigraphiques des Radiolaires de l’Ordovicien s’intègrent dans l’effort actuel
de la communauté scientifique (PICG n
o
410) pour mieux comprendre un événement majeur de biodiversification
dans l’écosystème marin à cette époque. Notre contribution intéresse un matériel exceptionnellement bien préservé du
Kazakhstan. A l’occasion de l’étude d’un nouvel assemblage de Radiolaires et une révision des données stratigraphiques
pour les trois autres assemblages connus du Kazakhstan (figs. 1-4), étudiés préalablement par Nazarov et Popov
[1980], nous améliorons la biozonation de Nazarov et apportons des précisions supplémentaires sur la répartition stratigraphique
de certains taxa, relativement faciles à reconnaître et par conséquent de grande utilité pour dater des radiolarites.
Les changements fauniques à l’intérieur de ces assemblages se résument comme suit.
1) Le plus ancien échantillon à notre disposition est daté de l’Arénigien inférieur par des Conodontes (Oistodus
lanceolatus déterminée par T. Tolmacheva) et constitue le plus ancien niveau à radiolaires provenant du Kazakhstan. Ce
matériel nous permet d’établir un nouvel assemblage, caractérisé par une faible diversité, malgré son excellent état de
préservation. Quatre espèces seulement peuvent être recensées (figs. 5-6) : Inanihella bakanasensis (NAZAROV) et I.(?)
akzhala n.sp. : deux espèces relativement faciles à distinguer, qui caractérisent cet assemblage par leur abondance, ainsi
que Triplococcus acanthicus n.gen. n.sp. et Proventocitum sp.cf. P. procerulum NAZAROV. L’absence du genre Beothuka
– un nouveau genre récemment décrit du Trémadocien inférieur [Aitchison et al. 1998] – et des Inaniguttidae à six épines
primaires (Inanigutta, Inanibigutta) est remarquable.
2) L’assemblage qui suit dans le temps correspond à celui définit par Nazarov comme Haplentactinia armillata –
Proventocitum procerulum [NAZAROV et ORMISTON, 1993]. A l’époque les niveaux d’où cet assemblage avait été récupéré
étaient considérés d’âge Arénigien [Nazarov et Ormiston, 1993]. Néanmoins, suite à des révisions stratigraphiques
des géologues russes travaillant dans la région, l’âge de ces niveaux est actuellement considéré comme du Llanvirnien
basal [Apollonov et al., 1990]. Cet assemblage est marqué par une plus grande diversité que le précédent et dominé par
les espèces H. armillata et P. procerulum. L’assemblage est également caractérisé par l’apparition de formes énigmatiques,
tel que Anacrusa myriacantha NAZAROV. Etant donné que les deux espèces caractérisant cet assemblage ont été
reconnues par Aitchison [1998] dans des niveaux du Complexe de Ballantrae (Ecosse), datés de l’Arénigien moyen,
l’intervalle de temps couvert par cet assemblage est provisoirement considéré comme allant de l’Arénigien moyen au
Llanvirnien basal.
3) L’assemblage Haplentactinia juncta - Inanigutta unica qui suit, d’âge llandeilien (Llanvirnien supérieur), enregistre
une impressionnante augmentation de la diversité des radiolaires. Dans le détail celle-ci est mieux illustrée par
l’importante diversité de la famille des Inaniguttidae, dont la présence est dominante au sein de cet assemblage, avec
plus de quinze espèces appartenant aux genres Inanigutta, Inanibigutta et Oriundogutta.
Il est également intéressant de noter que des morphotypes appartenant au genre Protoceratoikiscum n’avaient pas
été observés par Nazarov et Popov [1980] dans le matériel carbonaté du Kazakhstan. Nous avons pu en fait confirmer
cette absence, nous même, sur du matériel topotypique qui se trouve à notre disposition. Or, ce genre est présent en relative
abondance dans des radiolarites de l’Ecosse, corrélables avec l’assemblage H. juncta - I. unica. S’agit-il d’une préférence
paléoécologique particulière, ayant une signification soit bathymétrique (habitat profond dans la colonne d’eau),
soit paléobiogéographique (préférence des masses d’eaux franchement océaniques) ? Il est à noter que ce genre est actuellement
connu surtout dans des faciès relativement profonds : soit des jaspes-radiolarites de l’Ordovicien moyen
(Ecosse [Danelian et Floyd 2001] Chine [Li 1995]), soit des pélites/argilites riches en matière organique de l’Ordovicien
supérieur [Goto et al., 1992]. En outre, Renz [1990] a trouvé de rares exemplaires de ce genre dans des nodules calcaires
noirs provenant des calcaires argileux en plaquettes du Caradocien des Etats-Unis, dont la profondeur de dépôt
est difficile à estimer. Enfin, notons également l’exclusion mutuelle de ce genre avec les Anakrusidae Nazarov, 1975,
microfossiles siliceux que nous interprétons ici comme appartenant à des éponges.
|